“Vis ma vie” d'auxiliaire de vie : immersion dans le quotidien d’une profession essentielle

“Vis ma vie” d'auxiliaire de vie : immersion dans le quotidien d’une profession essentielle

  • 14/MN/2022
  • Santé & solidarité
Les aides à domicile sont à chaque instant au service des personnes âgées et des plus fragiles : c’est leur vocation et j’ai souhaité leur rendre hommage à travers ce reportage.

J'ai passé une demi-journée riche en enseignements aux côtés de Dolorès et de son auxiliaire de vie à Tavel...

Métier magnifique et si utile, le service à domicile des personnes âgées ou dépendantes ne jouit pourtant pas d’une grande réputation. C’est pourquoi j’ai voulu découvrir le quotidien, les joies et les difficultés de ceux, qui, au sein de notre circonscription, s’occupent des plus fragiles. 


J’ai donc accompagné Florence, une auxiliaire de vie passionnée par son activité, durant une demi-journée. Florence s’occupe de Dolores tous les matins depuis quatre ans. Un service de patience et de dévouement envers une personne qui, touchée d’une méningite herpétique il y a plusieurs années, se trouve partiellement privée de mobilité, et d’une grande partie de sa mémoire. Dolorès vit dans une petite maison du cœur historique de Tavel, et c’est son fils et sa belle-fille qui s’occupent d’elle et organisent l’emploi du temps des aides à domicile et infirmières qui s’affairent à son chevet. Ils savent que c’est à son domicile que l’on prendra le plus soin d’elle, et qu’elle sera chouchoutée grâce à une présence quotidienne et bienveillante…


Côté auxiliaire de vie, la difficulté du métier n'est pas tant la grande dépendance des personnes âgées ou handicapées : “Le plus difficile est de gérer les demandes des familles et d’offrir toujours le meilleur de nous-mêmes". Les auxiliaires de vie sont en effet peu nombreux malgré le besoin croissant, et très recherchés par les familles. Car si un auxiliaire de vie compétent gagne en moyenne autant qu’en EPHAD, il peut s’occuper beaucoup mieux de la personne qu’il soutient, et les familles en ont bien conscience. 


Quelle formation pour devenir auxiliaire de vie ? une session AAPAPD de 10 mois, et l’activité peut commencer ! Car dans ce métier, on apprend surtout en pratiquant et c’est l’expérience et la passion qui comptent avant tout. Florence a décidé de se former en complément à anticiper les pathologies communes chez les personnes dépendantes et à reconnaître leurs symptômes. Elle peut par exemple détecter l’apparition d’escarres. Pour s’assurer d’alimenter au mieux ses patients, elle a également tenu à se former à la nutrition. “Dans ce métier, il faut avoir beaucoup de bon sens” rappelle Florence, qui connaît parfaitement les besoins particuliers de Dolores. 



Tous les matins en arrivant, Florence s’applique à animer, à “recréer” la matinée de Dolores : elle cuisine pour elle, fait le ménage et tente d’initier le dialogue, même si la communication n’est pas facile - en montrant par exemple une photo de Dolorès quand elle était jeune mariée pour faire revivre des souvenirs… Vers 10h arrive une infirmière, avec laquelle Florence entreprend la toilette de Dolores, qui suppose une grande délicatesse et la maîtrise des gestes. L’infirmière me dit l’importance des formations d’ergothérapie en gériatrie, qui permettent de comprendre les capacités et les limites des mouvements d’un corps âgé. Aujourd’hui, assez peu de professionnels y sont formés, et ce sont bien souvent des kinésithérapeutes non spécialisés qui se chargent de déplacer et de faire s'exercer les patients.


Une des grandes difficultés réside dans l'équilibre entre les exigences nombreuses des familles, qui veulent le meilleur pour leur parent âgé, et la satisfaction de demandes parfois déconnectées de la réalité concrète des aides à domicile. Le manque d’effectifs est aussi un problème : “les jeunes ne veulent plus faire le ménage, ce métier pâtit malheureusement d’une mauvaise image”. 


Que de joies et de diversité pourtant dans ce métier, et surtout que d’humanité ! Florence n’en ferait pas un autre, c’est pour elle une vocation nourrie par son expérience auprès de ses grands-parents dont elle s’est occupés. Ses responsabilités sont grandes et les enjeux nombreux, mais cela n’en rend son engagement que plus important à ses yeux.